Partie 2 de S3 : modélisation pour la gestion d'information et la collaboration


http://www.phmartin.info/cours/erp/s3_2.html
Cours S3 préparé par Dr. Philippe MARTIN  (www.phmartin.info)


2.1. Coopération
2.1.1. Coopération et collaboration
2.1.2. Avantages/conditions pour une collaboration
2.1.3. Acteur idéal d'une collaboration
2.1.4. Outil idéal pour la collaboration
2.1.5. Coopération/travail-coopératif  assisté par ordinateur
2.1.6. Logiciels collaboratifs, alias groupware
2.1.7. Protéger l'accés aux informations
2.1.8. Faciliter et personnaliser les interactions homme-machine
2.1.9. Représenter des informations d'une manière explicite et sans perte
2.1.10. Organiser des informations semi-formelles via des relations d'argumentation
2.1.11. Évaluation collaborative

2.1.1. Coopération et collaboration

Coopération ou co-opération (intentionnelle ou non): interactions (volontaires, accidentelles ou forcées) entre des agents qui combinent les efforts de ces agents.
Ainsi, un processus qui fait combiner (des résultats de) processus en compétition est un processus qui les fait coopérer: la concurrence n'est pas de la coopération mais peut être utilisée par elle.
La coopération peut être distribuée ou centralisée, synchrone ou non.
Des agents coopérants forment un "système coopératif".

Coopération intentionnelle: coopération entre des agents volontaires.

Collaboration: coopération entre des agents volontaires ayant un objectif identique, e.g., réaliser un échange commercial ou un projet.
Par rapport à coopérer, collaborer est donc une notion plus spécialisée (et plus forte) mais parvenir à faire coopérer des gens (non motivés pour collaborer) est plus difficile.
Le terme "collaboration" est plus souvent associée à des activités supervisées (et donc centralisées) que le terme "coopération".
Comme la coopération peut impliquer des personnes n'ayant pas forçément un but identique ou la volonté de collaborer, le terme "coopération" est plus souvent associé à des efforts de guerre/paix, de développement économique d'un pays, à la théorie des jeux, aux wikis et aux projets open source.

Intelligence d'essaim [swarm intelligence; parcourez cet article ainsi que celui sur les méta-heuritiques]: un comportement collectif, décentralisé et auto-organisé pouvant, selon certains points de vue, être interprété comme "intelligent". Ce comportement peut être naturel (e.g., le travail dans une colonie de fourmis, le rassemblement des oiseaux, le mouvement d'un banc de poissons) ou artificiel (agents en Intelligence Artificielle).

Intelligence collective: intelligence de groupe (convergence des comportements ou de connaissances dans un groupe) qui émerge lors de la collaboration ou de la concurrence entre de nombreuses personnes. L'intelligence collective est fortement liée à "l'intelligence d'essaim" mais ses agents sont plus souvent des personnes. Elle peut par exemple subvenir parce que la majorité des membres du groupe ont une "mentalité de troupeau/mouton" [herd mentality].

2.1.1. Coopération et collaboration

Exercice de compréhension et de représentation de connaissances:
- relier les types de concepts de "coopération", de "collaboration", de "groupe", de
  "système de coopération" et de "système de collaboration" et d'essaim
  (tels que définis ci-dessus) via des relations "sous-type", "exclusion" et "instrument" ("tool") ;
- raffiner/généraliser(/illustrer) au moins un des trois derniers concepts en utilisant
  une relation "sous-type" (ou bien "instance" si vous ne trouvez qu'une illustration).


                                      thing
                                     /     \
                                     |s    |s
                                     v     v
                                entity--#--situation
                               /     |      |      |
                               |s    |s     |s     |s
                               v     |      v      v
              non-spatial_entity    |   state--#--process
                 |             |     |                  |
                 |s            #     |                  |s
                 v             |     v                  |
               group           spatial_entity          |
                 |                                      |
                 |s                                     |
                 v                                      v         
       system_of_cooperation <-[1..*]---(instrument)--- cooperation
       |                   |                                 |
       |s                  |s                                |s
       v                   v                                 v
   swarm   system_of_collaboration <-[1..*]--(instrument)-- collaboration
       |
       |s
       v  
    bee_swarm


//========= Representation in FL:

thing
  > excl  //the next direct subtypes are exclusive
    {  (situation
          exclusion: entity,  //redundant with the "excl{...}" begun above
          > excl{ state
                  (process
                     > (cooperation
                          instrument: 1..* system_of_cooperation,
                          > (collaboration
                               instrument: 1..* system_of_collaboration
                            )
                       )
                  )
                }
       )
       (entity
          > excl
            { spatial_entity
              (non-spatial_entity
                 > (group
                      > (system_of_cooperation
                           > (swarm  > bee_swarm)
                             system_of_collaboration
                        )
                   )
                              
              )
            }
       )
    };

2.1.2. Avantages/conditions pour une collaboration


Avantages:
- plus grandes chances d'obtenir (plus facilement) quelque chose;
- pouvoir se spécialiser (i.e., ne pas tout faire/savoir) et donc être plus efficace (division du travail);
- pouvoir connaître de nouvelles idées/habitudes et les appliquer;
- la valeur d'un réseau avec N noeuds peut être proportionnelle à
  N,  N2 (Loi de Metcalfe)  ou même  2N.

Inconvénients:
- à court terme: l'investissement en temps et/ou argent;
- si la collaboration échoue, perte de temps/argent/réputation;
- moins de vie privée puisque la collaboration implique l'accessibilité des informations;
- le coût de la coordination dans une équipe de N personnes peut être proportionnelle à
  N,  N2  ou même  2N.

Conditions usuelles pour collaborer avec une autre personne:
- au moins un but commun
- une chance de rencontrer ou bien collaborer de nouveau avec cette personne
- succès des précédentes rencontres ou collaboration avec cette personne.

Des résultats en économie expérimentale indiquent que les êtres humains sont souvent coopératifs même lorsque cela ne leur rapporte rien (e.g., ils aident des gens même s'ils ont peu de chances de les revoir). Cela peut s'expliquer de la façon suivante:
- même au niveau individuel, il est généralement payant d'être systématiquement coopératif
  lorsque les ressources sont limitées, comme le montrent la théorie des jeux (en particulier
  la théorie des jeux à somme nulle) et la théorie du livre "Tragedy of the commons";
- c'est encore plus vrai au niveau du groupe (un groupe dont les membres sont coopératifs
  est plus compétitif, ce qui est "en moyenne" payant pour ses membres même si l'intérêt
  de certains membres est "sacrifié";
- beaucoup d'êtres humains sont suffisamment rationnels pour comprendre les
  deux arguments précédents;
- la sélection naturelle (entre individus et entre groupes) a conduit à ce que les êtres humains
  soient relativement coopératifs lorsque cela ne nuit pas à leurs intérêts.
D'autres raisons plus détaillées existent. Un certain nombre d'entre elles se trouvent dans les articles de recherche de "Cooperation Commons". Cette vidéo est également intéressante.

Note sur le modèle open-source. Il est l'emblème d'un large mouvement coopératif atteignant ses objectifs. Toutefois, les mouvements open-source n'utilisent actuellement pas d'outils avancés pour aider la coopération. Ceci peut expliquer pourquoi ces mouvements ont du succès essentiellement lorsque le but à atteindre et ses sous-tâches sont bien définis et bien connus par leurs membres (c'est par exemple généralement le cas pour la conception d'un système d'exploitation).

Être "ouvert" (dans le sens de rechercher/donner des données/idées) est nécessaire pour coopérer, mais ce n'est pas une condition suffisante ni un critère caractéristique. En effet, il est également souvent payant d'être "ouvert" dans le contexte d'une compétition, comme c'est le cas en recherche et pour les organisateurs de concours scientifiques ou d'ingénierie.

Exercice:
  raffiner/généraliser(/illustrer) au moins un avantage, un inconvénient et une condition
  (parmi ceux ci-dessus) en utilisant à chaque fois au moins une relation sous-type(/instance).

2.1.3. Acteur idéal d'une collaboration


Idéalement, un acteur (ou participant) d'une collaboration

  1. fournit des informations pertinentes, exactes et sans attendre (préférences personnelles, commentaires, conseils, promesses, calendrier, ...) d'une façon facilement accessible (et donc aussi vérifiable). Pour communiquer des informations, une personne "collaborative" utilise donc au moins une page web ou un autre moyen de communication "public, persistant et asynchrone" plutôt que des communications synchrones.
    Exemples de comportements anti-collaboratifs:
    - ne donner que des informations vagues, seulement sur demande et seulement oralement;
      en effet, cela va probablement obliger d'autres acteurs à effectuer des
      demandes d'informations synchrones (-> goulet d'étranglement) et
      des réponses vagues ne vont probablement pas satisfaire ces demandes;
    - ne pas répondre aussitôt que possible à un collègue de travail; en effet, ceci,
      risque de le bloquer dans son travail et lui donnera sûrement du travail supplémentaire;
    - remettre une action (de coopération) à plus tard sans faire en sorte qu'effectuer
      cette action ne sera pas oublié (e.g., en la mettant dans un agenda ou une
      liste d'emails à traiter);
    - ne pas retransmettre à un collègue de travail des informations qui le concerne;
    - ne pas dire à quelqu'un qu'il a effectué une action (ou dit quelque chose) qui
      vous a déplu (par ailleurs, parler de cela avec le supérieur de cette personne avant d'en
      avoir discuté en privé avec elle conduira souvent à agraver la situation).
    => un acteur idéal être rationnel, ouvert, précis et favorise la transparence mais dans le respect des individus.
  2. recherche des informations pertinentes et exactes avant de prendre une décision
    et ne se contente donc pas de "suivre le groupe" (i.e., ne cède pas à la pression sociale et n'a pas une "mentalité de troupeau/mouton" [herd mentality], ...).
    Lorsque les membres d'un groupe tentent de minimiser les conflits et d'obtenir un consensus sans examiner/approfondir de solutions alternatives, ils ont une "pensée de groupe". Pour éviter les problèmes que cela engendre, les propositions de solutions alternatives par les membres du groupe, puis leurs examens par le groupe, doivent être encouragés par le groupe et ses règles/outils de fonctionnement.
    => un tel acteur est rationnel et indépendant.
  3. accomplit les tâches pour lesquelles il est le plus compétent et réalise ce qu'il a promis, sans attendre ou bien permet/effectue une délègation rapide de ces tâches à une autre personne.
    => un tel acteur doit être rationnel et fiable (on peut compter sur lui).
  4. agit de manière à offrir aux autres participants le maximum de possibilités pour satisfaire les trois points ci-dessus.
    => un tel acteur doit minimiser la monopolisation des ressources, e.g., la durée de ses
          communications synchrones au groupe entier.
    => il doit utiliser un "outil idéal pour la collaboration" lorsqu'il
          partage des informations, prend des décisions et coordonne des tâches
    => il doit être rationnel (donc prévisible), réfléchi, précis, ouvert, non agressif,
          évite l'ironie ainsi que le second-degré mais accepte et analyse les remarques agressives
          (voir les règles de Crocker) et n'abuse pas de ses privilèges/pouvoirs
          (une technique pour éviter d'être agressif ou d'affirmer des choses fausses
          est d'effectuer des remarques sous forme d'interrogation; cela donne également
          à la personne concernée la possibilité de corriger ou de se justifier).
    => il doit essayer de compenser pour le manque de collaboration (précision, ...) de ses
          collaborateurs ou partenaires, et essayer de les amener - de manière diplomatique - à être
          plus collaboratif (i.e., précis, ...)
    => il doit essayer d'éviter que des comportements non collaboratifs apparaissent
          et essayer de restreindre leurs conséquences.

L'idée maitresse du livre "Wisdom of the Crowds" est que
  "un groupe plus important est plus intelligent qu'un groupe plus petit"
  - si les membres sont sages/rationnels (le livre développe le 2nd point ci-dessus), et
  - si "un dispositif existe pour que les jugements individuels soient transformés
    en une décision collective", donc si un "outil idéal/adéquat pour la collaboration"
    est utilisé.
Un problème principal est donc de créer de tels outils et que ceux-ci puissent (aider les gens à) reconnaitre les meilleures connaissances/idées/solutions.

Exercice:
1) compléter ou raffiner/généraliser(/illustrer) chacune des 4 types de tâches ci-dessus
  en utilisant à chaque fois au moins une relation sous-type(/instance).
2) que peut faire - avec des outils du Web désormais classiques - une personne
  souhaitant être "coopérative" à chaque fois qu'elle reçoit un email relatif à
  son travail et ne contenant pas ou peu d'informations confidentielles ?

1) une application du 4ème point ci-dessus pour un pompier serait par exemple de
   - créer des (ou de demander la création de) moyens d'échanges d'informations
     publics/anonymes asynchrones: panneau d'affichage, site Web collaboratif (ou,
     à défaut, une liste mail), "boîte à suggestions", etc.
   - publier des informations via ces moyens d'échanges
   - donner ou demander un cours, des astuces, ... pour le travail de pompier.

2.1.4. Outil idéal pour la collaboration


Idéalement, un outil d'aide à la collaboration devrait

  1. proposer diverses méthodes (sécurisées ou non) pour accéder/publier et présenter l'information, et
    permettre à chaque utilisateur de paramétrer/combiner/adapter ces méthodes
    => les tâches listées par les sous-sections de 2.1 suivantes doivent être rendues possibles et être aidées
  2. permettre une organisation+recherche+évaluation fine+collaborative de l'information (section 2.1.9)
    => e.g., permettre de comparer les croyances et préférences de diverses personnes
  3. montrer les conséquences d'une préférence ou de la prise d'une décision
    => détecter les incohérences entre préférences (e.g., sur des règles ou des
          principes d'éthique), décisions et règles en vigueur (lois, contrats, ...).
    E.g., si une personne déclare préférer ne pas utiliser de ceinture de sécurité, le système doit l'avertir que ceci est interdit par la loi actuelle et doit demander à la personne si elle est favorable à cette loi. Si oui, le système a mis à jour une contradiction dans les préférences de la personne. Si non, le système doit demander à la personne quelle autre loi elle souhaiterait (e.g., obtenir une assurance pour toute activité; dans ce cas, la personne doit déclarer qu'elle prendrait une assurance afin de ne pas porter de ceinture de sécurité)
  4. conduire ses utilisateurs à être "plus/idéalement collaboratif" (cf. page précédente)
    => permettre des évaluations fines+automatiques+collaboratives
          des informations+comportements des utilisateurs
        => permettre des recherches+organisations fines sur les informations
  5. proposer des "règles/méthodes de décision" par défaut qui sont "justes",
    permettre à ses utilisateurs de changer les règles par défaut de manière collaborative, et
    permettre à chaque utilisateur d'utiliser et adapter les règles qu'il souhaite.

Exercice:
- compléter ou raffiner(/illustrer) chacune des 5 types de tâches ci-dessus
  en utilisant à chaque fois au moins une relation sous-type(/instance).

2.1.5. Coopération/travail-coopératif  assisté par ordinateur


Collaboration assistée par ordinateur [Computer-supported_collaboration (CSC)]: (étude de) l'utilisation des ordinateurs et/ou de l'intranet/internet pour soutenir la collaboration au sein d'un groupe ou entre groupes/organisations/communautés/sociétés.
En tant que champ d'étude, le CSC inclut le CSCW (TCAO; cf. ci-dessous) mais se focalise sur les systèmes de contrats et de rendez-vous/coordination, e.g., les ventes aux enchères et les systèmes de marché.
Le terme SCC a émergé dans les années 1990 pour désigner un champ d'étude généralisant les 3 anciens champs suivants:



Travail coopératif assisté par ordinateur (TCAO) [Computer supported cooperative work (CSCW)]: (étude de) l'utilisation des ordinateurs ou en tant que support de médiation dans des activités telles que la communication, la coordination, la coopération, la concurrence, les jeux et l'art. Voici quelques exemples de dimensions fondamentales du travail coopératif:

2.1.6. Logiciels collaboratifs, alias groupware


En résumé, la plupart des outils dits "de collaboration" sont actuellement surtout des outils de communication d'informations (de manière synchrone ou pas, à distance ou pas) et/ou de modification d'un même fichier par divers utilisateurs.
Peu d'outils dits "de collaboration" aident activement à coordonner/organiser des tâches et des informations.
Lors de l'étude ou la présentation d'un outil, il faut donc préciser et approfondir ces trois distinctions.

Cliquez ici pour une classification de logiciels suivant diverses caractéristiques liées à la collaboration.

2.1.6. Logiciels collaboratifs, alias groupware

Exercices:
* Lesquels des 4 types d'outils ci-dessus sont pertinents pour classifier les
   types de systèmes suivants: "internet", la "publication de documents Web",
   les "tableurs en ligne", les "réseaux sociaux", les "systèmes pair-à-pair" et
   les "bases de connaissances partagées" ?
* Comparez les 4 types d'outils ci-dessus et certains de leurs sous-types
   en fonction des "5 types de tâches que, idéalement et selon le cours,
   un outil d'aide à la collaboration devrait supporter".
   Pour cela, vous étendrez la "table de comparaison+représentation" ci-dessous.
   Dans ce type de table,
   a) les intitulés de ligne et colonnes sont des types de concepts et
       peuvent être organisés par une relation de spécialisation,
   b) chaque cellule du tableau comporte un symbole spécifiant si oui ou non
       les instances du type pour la ligne sont (et/ou seront bientôt) instances du
       type pour la colonne. Voici une liste minimale de tels symboles :
       "-" (pour "généralement pas"),   "+" (pour "généralement"),  et
       "?" (pour "cela dépend beaucoup des sous-types du type de la ligne" ou
                  "pas assez d'informations ont pu être collectées pour répondre").

  1 2 3 4 5
groupware ? ? ? ? ?
    colocated_synchronous_groupware          
        roomware          
    colocated_asynchronous_groupware          
        tea-toom_tool          
    remote_synchronous_groupware          
        video-conference_tool          
    remote_asynchronous_groupware          
        document-based_groupware          
            email          
            classic wiki          
            classic workflow          
        KB-based_tool          
            ideal_KB-based_tool + + + + +

2.1.7. Protéger l'accés aux informations


Sécurité: sûreté (protection contre des événements indésirables) et fiabilité (capacité de maintenir des fonctions), même contre des agents volontaires. Cela implique de maintenir la disponibilité, l'intégrité et la confidentialité de certaines informations, procédures ou machines. Cela implique également d'obliger la responsabilité d'au moins certains types d'actes, e.g., la lecture ou écriture de certains types d'informations.

Préservation de la vie privée: sécurité + anonymité (i.e., non seulement le contenu ou la nature de certaines informations ou actes est protégée, mais leur existence aussi; ainsi, l'identité des personnes liées à certaines informations ou actes ne peut être connue que par des personnes autorisées; les autorisations doivent idéalement ne pouvoir émaner que des personnes elles-mêmes).


Notion de "consensus" en tant que problème de sécurité informatique distribuée (pour la tolérance aux pannes): méthode à utiliser par un groupe de noeuds d'un réseau pour prouver qu'ils sont accessibles et non corrompus, est d'arriver à fournir indépendemment une même réponse à une question (ou, en d'autres termes, "parvenir à un accord sur une seule valeur"). Le problème lié à cela est "quel protocole utiliser pour y parvenir ?". Ce problème est impossible à résoudre lorsque  i) l'un des noeuds/processus se bloque, et  ii) les processus communiquent par envoi de messages, n'ont pas d'horloge commune et fonctionnent à des vitesses arbitrairement différentes.
Cette notion de "consensus" est peu liée à celle de "consensus pour la prise d'une décision", qui est la notion à laquelle le terme "consensus" réfère dans le reste de ce document.

2.1.8. Faciliter et personnaliser les IHMs


Une bonne interaction homme-machine (et donc interface homme-machine) (IHM) [HCI] est importante pour soutenir le partage d'informations et les autres tâches de collaboration.

Principes de conception d'interface avec l'utilisateur: structure, cohérence, simplicité, visibilité, rétroaction, tolérance, réutilisation ... Il y a d'autres principes de conception d'affichage. Le W3C se concentre sur les critères de mobilité, d'universalité (internationalisation) et d'accessibilité. Un résumé général est le suivant: prendre en compte les possibilités, limites et problèmes 1) des différents éléments techniques (réseau, langages, navigateurs, ...) et 2) des utilisateurs (vue, mémoire, compréhension, langues, ...).
Une conception centrée utilisateur des interfaces, i.e. leur co-conception par l'utilisateur final, est une bonne idée. La théorie de l'activité peut aussi aider la conception d'une interface homme-machine.
Plus important encore, des techniques de personnalisation doivent être utilisées pour 1) proposer différents modèles basés sur des groupes/profils, 2) proposer des recommandations basées sur les comportements passés de l'utilisateur ou basées sur des préférences d'autres gens (filtrage collaboratif), et 3) permettre aux utilisateurs d'adapter l'interface directement.

Corollaire de la règle sur "l'usage d'objets précis et de métadonnées": plus les éléments de l'IHM (i.e., de la présentation) et du contenu sont séparés, plus ils sont fins, adressables et précisément représentés (organisés), plus il est possible de permettre leur personnalisation par chaque utilisateur.
Pour réellement supporter la coopération, un logiciel doit fournir une liste organisée de paramètres de présentation et un langage adapté pour la présentation.

La caractéristique la plus importante d'une IHM est que tous les objets liés à un objet particulier soient facilement accessibles à partir de lui. Donc, idéalement, chaque objet "intéressant" doit pouvoir être sélectionné et sa sélection par un utilisateur conduire à un menu contextuel (e.g., via un menu pop-up) permettant à l'utilisateur d'explorer, de sélectionner et d'ajouter/modifier tous ses objets reliés, e.g., ses propriétés de présentation, des objets informationnels et les actions qui peuvent être faites sur cet objet ou via cet objet (pour les objets reliés qui n'ont pas trait à la présentation, les modifications doivent être sans perte, comme précisé dans la section 2.1.9). Dans des éditeurs de documents structurés bien conçus, cela est possible mais l'ensemble des objets reliés est limité à ceux identifiés par les schémas de structure, de présentation et d'interaction/événement associés au document en cours d'édition.
Pour un meilleur partage/recherche des connaissances et une meilleure coopération, les objets doivent être représentés dans une base de connaissances (BC), et donc, le menu contextuel associé à un objet sélectionné devrait permettre l'exploration de la BC à partir du point d'entrée constitué par cet objet.

2.1.9. Représenter des informations d'une manière explicite et sans perte


Conflit (sémantique) implicite entre deux phrases affirmées: incohérence ou redondance partielle/complète entre ces phrases, qui n'a pas été rendue explicite via une relation de "correction". Pour comparaison, voici deux exemples de conflits explicites (et donc résolus) entre deux croyances:

u2#` u1#`every bird is agent of a flight´ has for pm#corrective_specialization u2#`most healthy flying_bird are able to be agent of a flight´ ´. u2#` u1#`every bird can be agent of a flight´ has for pm#corrective_generalization u2#`75% of bird can be agent of a flight´ ´.

Les conflits entre des définitions provenant de différentes sources n'indiquent pas qu'une des définitions est meilleure que l'autre (car les définitions ne sont ni vraies ni fausses) mais indiquent qu'une des sources (i.e., un des auteurs de ces définitions) a mal compris la signification d'un terme défini par une autre source et donc que ces sources parlent de choses différentes et qu'elles devraient utiliser des termes formels différents.


"Protocole de coopération" minimal de haut niveau pour l'ajout/fusion sans-perte d'une phrase affirmée,
créée par un utilisateur U1, dans une BC
:

Un protocole minimal similaire peut être utilisé pour la suppression sans perte d'une d'une phrase affirmée. Les termes peuvent être ajoutés ou supprimés via l'ajout ou la suppression de phrases affirmées.

2.1.10. Organiser des informations semi-formelles via des relations d'argumentation

Les relations d'argumentation (preuve, objection, argument, exemple ...) ne sont généralement pas transitives et ont donc tendance à conduire à des structures "spaghetti" qui aident peu la recherche des connaissances et les inférences. Les relations d'argumentation ne doivent être utilisées que lorsque ce qui doit être représenté ne peut l'être (au moins partiellement) d'une manière plus précise et organisée, typiquement via des relations de spécialisation ou de sous-processus. Si cela est nécessaire, des relations d'argumentation peuvent alors être utilisées dans le contexte externe de ces relations de spécialisation ou de sous-processus.

Pour les mêmes raisons et également pour normaliser les structures d'argumentation, au lieu d'utiliser des relations de type pm#objection, il vaut mieux utiliser des relations de type pm#corrective_specialization ou pm#corrective_generalization, avec des relations de type pm#argument dans leurs contextes externes. Ainsi, l'objection est indirectement affirmée et en plus une correction est donnée via une relation transitive et un argument est donné pour cette correction. Cette correction et cet argument vont faciliter l'acceptation de l'objection et peuvent être eux-mêmes des noeuds source de relations de correction.

Exemple de "discussion structurées" (structure d'argumentation multi-sources) avec la notation FL.

"knowledge_sharing_with_an_XML-based_language is advantageous" .< ("knowledge_sharing_with_an_XML-based_language is possible" .< knowledge_sharing_with_an_XML-based_language __[pm] ) __[pm], argument: – "XML is a standard" __[pm] – ("knowledge_management_with_classic_XML_tools is possible" corrective_specialization: "structural_knowledge_management_with_classic_XML_tools is possible" __[pm, argument: "classic XML tools only manage structures, not semantics" __[pm] ] ) __[pm], argument: "the use of URIs and Unicode is possible in XML" __[fg, objection: "the use of URIs and Unicode can easily be made possible in most syntaxes" __[pm#tbl#] ], objection: – ("the use_of_XML_by_KBSs implies several tasks to manage" argument: "the internal_model_of_KBSs is rarely XML" __[pm] ) __[pm] – ` "an increase of the number of tasks *t to_manage" has for consequence "an increase of the difficulty to develop software to manage *t" ´ __[pm], objection: – "knowledge_sharing_with_an_XML-based_language will force many persons (developers, specialists, etc.) to learn how to understand complex_XML-based_knowledge_representations" __[pm] – ("understanding complex_XML-based_knowledge_representations is difficult" argument: "XML is verbose" __[pm] ) __[pm];

2.1.11. Évaluation collaborative

Beaucoup d'outils du Web 2.0 permettent aux gens d'associer des commentaires à des ressources entières (documents/KBs/services) et de les évaluer en fonction d'un critère (ou de quelques critères) tels que "utilité", "étendue du domaine couvert" et "véracité ". Ces outils permettent aussi souvent de voter sur les annotations et/ou les ressources. Via des statistiques sur les annotations et les votes, ces outils génèrent des "recommandations" et permettent ainsi de la recherche/synthèse collaborative d'informations (également appelée "recherche sociale/concurrente"; sujet d'exposés).

Cependant, la sémantique et l'utilité d'une approche aussi grossière (dans les ressources qu'elle indexe) est limitée et limitante. Voici quelques raisons:


Pour éviter cela, un logiciel aidant réellement la coopération devrait

2.1.11. Évaluation collaborative


Question: comment mesurer la confiance à accorder à un phrase ou à une personne/source,
comment construire cette mesure collaborativement (i.e., comment les utilisateurs d'une BC peuvent-il construire collaborativement une représentation de la réputation d'une personne ou d'une phrase) ?

Voici un exemple de modèle de base pour une mesure par défaut destinée à évaluer "l'utilité d'une croyance".

Ce modèle ne précise pas les fonctions à utiliser pour les combinaisons et les pondérations. Le choix d'une fonction particulière est quelque peu arbitraire. Chaque utilisateur devrait donc connaître ces fonctions et devrait être autorisé à créer ses propres fonctions pour satisfaire ses buts ou ses préférences.

Les résultats des "mesures par défaut" doivent être utilisés par des méthodes de "présentation par défaut". E.g., les phrases ayant une très faible valeur d'utilité peut être par défaut affichées avec une police très petite.

Ainsi, les mesures par défaut prenant en compte au moins les éléments cités ci-dessus devraient inciter les fournisseurs d'informations à
- être prudent et précis dans leurs contributions, et
- à donner des arguments pour ces contributions.
En effet, contrairement à des discussions traditionnelles ou à des commentaires anonymes, ici des phrases non réfléchies vont avoir une influence sur les mesures d'utilité d'un auteur et donc sa réputation. Cela peut conduire les utilisateurs à ne pas écrire des phrases en dehors de son domaine d'expertise ou sans préalablement faire de vérifications. Par exemple, quand une croyance d'un utilisateur est contredite par un autre utilisateur, l'utilité de son auteur décroit et il est ainsi incité à approfondir la structure argumentation sur sa croyance ou à ôter cette croyance de la BC.

Avec le modèle ci-dessus, utiliser un nouveau pseudo lorsque l'on écrit n'importe quoi (diffamations, phrases non réfléchies/vérifiées, ...) mais aucune valeur d'utilité n'est associé à ce nouveau pseudo (et cette valeur pourra même devenir négative si d'autres utilisateurs repèrent la faible qualité des informations fournies via ce pseudo).

Le modèle ci-dessus a l'avantage de ne pas nécessiter de consensus mais peut être facilement adapté pour impliquer un consensus.